Si les sciences de la construction existent depuis des millénaires, les évolutions technologiques de ces dernières décennies nous ont amenés à repenser en profondeur notre place au sein de nos édifices et la façon dont ceux-ci interagissent avec le monde.
Fortes des acquis de la révolution digitale, les techniques d’architecture à l’ère du “Big Data” offrent en effet aux professionnels de la construction une perception nouvelle de l’habitat.
Au cœur même d’espaces où se mêlent désormais intelligence artificielle et art de vivre, les acteurs d’un monde ancien redéfinissent les codes de l’habitation grâce à une approche novatrice : la proptech.

L’empreinte écologique : une notion centrale

Loin d’être de simples gadgets de nature à améliorer le confort de l’habitat, les technologies que l’on choisit aujourd’hui d’implémenter sont de plus en plus liées à la résolution de problèmes majeurs tels que le réchauffement climatique et la déplétion de ressources.
En effet, avec la diminution des sources d’énergie fossile disponibles et de certaines terres rares nécessaires à notre confort technologique, les acteurs majeurs de l’industrie du bâtiment se voient obligés de prendre part à un mouvement de transition écologique important.
De nombreuses solutions de contrôle intégré des ressources énergétiques voient ainsi le jour, avec notamment :

• Des pompes à chaleur intelligentes;
• Des chaudières connectées;
• Des panneaux de contrôle automatisant la collecte des données de consommation de l’eau et de l’électricité;

En cherchant à mieux définir le profil de consommation des usagers d’un habitat, les prestataires intervenant dans l’industrie immobilière contribuent à améliorer la maîtrise du gaspillage des ressources. Les bénéfices en sont doubles : s’inscrivant dans une logique portée par les gouvernements européens au travers de politiques de transition écologique, ces technologies permettent à leurs usagers de réaliser des économies non négligeables.
D’abord ponctuelles et éparses, ces initiatives se sont rapidement rassemblées ces dernières années sous une même bannière : la proptech.

La proptech : un cadre de pensée avant tout

Dans le prolongement de la “fintech”, de la “healthtech” et de la “lawtech”, le paradigme de la proptech offre un nouveau cadre de pensée requérant de la part des professionnels de la construction :

• Des attitudes nouvelles dans les techniques de gestion de projet, notamment du point de vue des ressources, sur une vision de plus long-terme;
• Des techniques et technologies nouvelles faisant la part belle au “data mining” (issu de la science des données) et à des modèles d’intelligence artificielle capables de produire des informations de haute valeur ajoutée à partir des données de consommation (rapports automatisés, conseils de consommation, arrêts automatiques de fonctionnement de certains systèmes, etc.);
• Des rôles nouveaux dans la chaîne de valeur immobilière, endossés par de nouveaux acteurs mais aussi des profils plus classiques faisant le choix de monter en compétences (c’est le cas, par exemple, d’architectes, d’agents immobiliers, de chargés de projet en bureau d’étude, etc.).

À cheval entre les “contech” (nouvelles technologies numériques de la construction), l’économie collaborative (modèles de gestion de biens immobiliers inspirés d’AirBnb, services fournis par des plateformes telles que Zilow, etc.), et les fintech (gestion automatisée de services bancaires et création de nouveaux produits financiers dérivés, etc.) spécialisées dans les écosystèmes immobiliers, la proptech est un cadre de pensée en plein essor.
La raison en est principalement que la masse de données disponibles aujourd’hui au travers des objets connectés composant le foyer s’enrichit d’une nouvelle source d’informations : celle des briques de base de l’habitat.
En croisant toutes les données disponibles, la rencontre de l’offre et de la demande, ainsi que l’estimation de la faisabilité des projets immobiliers s’en retrouvent nettement améliorées.
La dynamique nouvelle insufflée sur la chaîne de production immobilière depuis la conception jusqu’à la livraison d’actifs a permis d’accueillir sur ce marché vieillissant des profils tels que :

• Les pilotes de drones (pour la capture de vues nécessaires à la collecte de données en amont de la conception et essentielles en aval pour la mise en valeur du bien immobilier produit face aux acheteurs potentiels);
• Des spécialistes de “home staging” virtuel (dont le rôle est important pour la mise à l’honneur d’intérieurs cherchant acquéreur);
• Les spécialistes de science des données (pouvant intervenir à toutes les étapes de la chaîne de création de valeur pour en optimiser la compréhension et les résultats).

La proptech dans les faits

En l’espace de 4 ans (de 2012 à 2016), les financements à destination des technologies proptech ont été multipliés par 12, atteignant la masse critique de 2 665 milliards de dollars américains, de telle sorte que de plus en plus d’investisseurs, tout volume de portefeuille confondus, s’y intéressent. Les modèles qui découlent de cette capitalisation grandissante gravitent souvent autour de concepts tels que :

• Le coworking en immobilier d’entreprise;
• Le coliving dans l’immobilier résidentiel;
• Le crowdfunding de projets d’investissements immobiliers collaboratifs (dans la construction et la revalorisation);
• La génération et la gestion de contrats de location saisonnière;

L’avenir de la proptech : quelles perspectives d’évolution ?

À en croire Nikolai Roth, le directeur exécutif de la société Maklaro, acteur montant de la proptech allemande, c’est au développement d’une synergie beaucoup plus intégrée qu’il faut s’attendre dans les 5 prochaines années.
L’intégration et le partage des données sera presque totale depuis le bureau d’étude de l’architecte jusqu’aux venture capitalists qui investiront dans un complexe immobilier d’habitations.
Ainsi, certaines spécialités telle que le management d’accès digital, pourront s’épanouir pleinement, dans la mesure où la sécurité des données, au cœur de tels modèles, sera un élément clef du développement de la proptech.

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